Des corsets relégués au placard, des ourlets soudainement relevés : les prescriptions vestimentaires d’avant-guerre cèdent la place à une toute nouvelle liberté. Les couturiers de l’époque ignorent la tradition et imposent des coupes inédites, directement inspirées par les bouleversements sociaux.
Dans cette décennie, la mode féminine adopte des lignes droites, des tissus fluides et des ornements inattendus. Les accessoires gagnent en importance, tandis que certains détails masculins s’invitent dans le vestiaire des femmes, brouillant les frontières établies.
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Pourquoi les années 1920 ont-elles révolutionné la mode ?
La mode années 1920 naît dans un contexte de bouleversements profonds, juste après la Première Guerre mondiale. Les Années folles signent une rupture brutale avec le passé. L’émancipation féminine s’exprime avec force dans le choix des vêtements : les corsets disparaissent, les silhouettes s’allègent. Coco Chanel, pionnière, impose une allure nouvelle. Elle privilégie la coupe droite, le jersey, une simplicité qui tranche avec l’ornementation d’autrefois. La silhouette « garçonne » s’installe, libérant le corps et l’esprit dans un même élan. Quand Chanel lance en 1926 la Petite Robe Noire, le vêtement devient manifeste : universel, chic, accessible, il s’impose comme le symbole d’une ère affranchie.
L’époque déborde d’énergie et de créativité. Les ourlets montent, la taille s’abaisse, les mouvements gagnent en liberté. Sur les pistes de danse, les femmes s’approprient le Charleston, se passionnent pour le jazz, revendiquent leur autonomie. Le style Art déco infuse les tissus et les accessoires, dévoilant des motifs géométriques, des lignes franches, des éclats métalliques. Les créateurs osent des associations inédites, dynamisant l’allure urbaine aussi bien que les tenues de scène.
La montée du sportswear change la donne. Inspirée par la joueuse de tennis Suzanne Lenglen, cette tendance introduit le confort et la fonctionnalité dans le quotidien féminin. L’influence sportive se retrouve dans des pièces devenues cultes :
- jupes plissées, pulls amples, cardigans souples.
Ce nouvel esprit, fait de liberté et d’audace, va profondément marquer l’histoire de la mode et s’étendre bien au-delà des années 1920.
Pour saisir l’ampleur de cette transformation, voici les figures et influences majeures de la décennie :
- Coco Chanel libère les femmes du corset et impose la silhouette garçonne.
- Le style Art déco façonne vêtements et accessoires dans un langage graphique et moderne.
- Suzanne Lenglen démocratise le sportswear et une nouvelle aisance vestimentaire.
Les silhouettes et accessoires qui ont marqué les années folles
Sur les pistes de danse, la robe charleston, ou robe Gatsby, s’impose d’emblée. Avec sa coupe droite, sa taille basse et ses franges qui volent à chaque pas, elle incarne une modernité flamboyante. Des créatrices comme Charlotte Révyl (Premet) font de la garçonne une figure centrale : androgyne, audacieuse, tournée vers l’avenir. Face à cette audace, la robe de style pensée par Jeanne Lanvin offre une alternative sophistiquée, rehaussée de jupes bouffantes et de broderies précieuses.
Le chapeau cloche, signé Caroline Reboux, devient un emblème. Porté bas sur le front, il accompagne les coupes courtes, du bob anguleux de Louise Brooks au baby hair parfaitement sculpté de Joséphine Baker. Les cheveux se disciplinent, parfois laqués, bousculant les habitudes. Les accessoires se multiplient : sautoirs de perles, bandeaux ornés, minaudières aux accents Art déco.
Les hommes aussi bousculent les codes. Edward VIII inspire un vestiaire plus souple : costumes Savile Row, pantalons Oxford Bags à la jambe large, Plus-four pour les loisirs à la campagne. L’élégance anglaise rayonne dans les salons et sur les terrains de golf.
Voici les éléments phares qui résument l’esprit vestimentaire de cette époque :
- Flappers et garçonnes : jeunesse affranchie, style affirmé
- Accessoires : chapeau cloche, sautoirs, bandeaux ouvragés
- Coiffures courtes : marqueur fort des Années folles
- Mode masculine : influences anglaises, pantalons larges, élégance sportive
Icônes et créateurs : qui ont inspiré le style des années 20 ?
La mode années 1920 explose, portée par des figures visionnaires qui bousculent l’ordre établi. Coco Chanel ose tout : elle bannit le corset, impose la silhouette garçonne et crée la Petite Robe Noire, véritable manifeste de modernité, aussi révolutionnaire qu’une Ford T dans l’automobile. À ses côtés, Jeanne Lanvin cultive un raffinement sophistiqué avec la robe de style et ses broderies délicates, proposant une élégance plus structurée face à la vague androgyne.
L’avant-garde ne s’arrête pas là. Charlotte Révyl (Premet) magnifie la garçonne, proposant des créations libérées de toute entrave sociale. Caroline Reboux, génie du chapeau, popularise le chapeau cloche, accessoire incontournable des années folles. Le vestiaire se démocratise, la frontière entre loisirs et élégance s’efface. Suzanne Lenglen, star du tennis, ouvre la voie à une mode plus fonctionnelle avec l’essor du sportswear.
Les icônes ne sont pas toutes issues des ateliers. Joséphine Baker électrise la scène parisienne, popularise le Charleston et impose le baby hair ultra-laqué. Louise Brooks incarne l’émancipation féminine avec son bob graphique. Chez les hommes, Edward VIII réinvente le vestiaire masculin avec les costumes Savile Row, les Oxford Bags et un style désinvolte qui inspire toute une génération.
Voici un panorama des figures qui ont marqué la décennie :
- Coco Chanel : libération du corps, invention de la Petite Robe Noire
- Jeanne Lanvin : sophistication, robes structurées
- Suzanne Lenglen : lancement du sportswear
- Joséphine Baker : audace, danse, coiffure sculpturale
- Edward VIII : influence décisive sur la mode masculine
S’inspirer aujourd’hui des tendances emblématiques des années 1920
L’héritage des années folles irrigue toujours la mode contemporaine et l’art de vivre. Sur les podiums, la Petite Robe Noire imaginée par Chanel revient régulièrement, célébrée pour sa simplicité coupée au cordeau et sa modernité intemporelle. Les robes droites à taille basse, embellies de franges ou de perles, évoquent l’éclat des robes Charleston ou Gatsby, clin d’œil vibrant à la liberté des flappers.
Le chapeau cloche conçu par Caroline Reboux refait surface, accessoire graphique qui encadre le visage, souvent associé à une coupe courte façon bob anguleux, hommage direct à Louise Brooks. Les cheveux gominés, le baby hair de Joséphine Baker, inspirent encore les coiffeurs en quête d’une élégance sculpturale. Les motifs Art déco, avec leurs lignes franches et géométries contrastées, s’invitent sur les tissus, les broderies et les accessoires.
Voici quelques codes emblématiques à retrouver aujourd’hui :
- Petite Robe Noire : sobriété, modernité affirmée
- Robes Charleston/Gatsby : franges, perles, énergie festive
- Chapeau cloche : accessoire graphique et enveloppant
- Coiffures courtes : bob, baby hair revisités
- Art déco : motifs symétriques et stylisés
Le regain du sportswear relancé par Suzanne Lenglen rappelle l’exigence de confort et de liberté qui traverse la mode actuelle. La robe de style signée Lanvin, alternative raffinée à la garçonne, séduit par ses volumes et ses détails précieux. Les créateurs d’aujourd’hui puisent sans relâche dans ce vivier d’inspirations, conjuguant audace historique et liberté de ton. La décennie 1920 n’a jamais vraiment quitté le vestiaire contemporain : elle y insuffle son goût du mouvement, sa soif d’émancipation, son génie pour l’imprévu.

